lundi, octobre 19, 2009

Déprimant bis

Décidément j'ai du mal avec les sorties de notre sinistre de l'inculture. L'ami des artistes, tout comme on avait remarqué que ma supérieure hiérarchique était l'amie des chercheurs (au passage c'est mieux comme çà une ministre de la recherche n'a pas à être la ministre des chercheurs), bref celui qui a subi des attaques dégueulasses s'en prend maintenant aux paroles d'un groupe de rap.
Acte 1) Il défend le rappeur Orelsan, je dis bravo, même si je hais le rap (c'est physique et je le cultive, je déteste cette culture). Je suis attaché à ce que la liberté d'expression soit respectée y compris pour dire, écrire, hurler les pires conneries.
Acte 2) Le ministre des artistes se fait attaquer sur ce qu'il a écrit. Je trouve ces attaques indignes.
Acte 3) La ligne de défense de l'UMP est une violente réaction contre le net, du moralisme mal placé pour se battre contre un excès de moralisme. Bref du grand n'importe quoi et toujours la peur d'un média que l'on ne contrôle pas encore (ça va venir).
Acte 4) Le ministre s'en prend à un groupe de rap qui nique la police municipale.

Si vous trouvez une quelconque cohérence autre qu'une explication politicienne d'un rachat d'une image bien moralisante pour un électorat de droite déçu faites-moi signe.
C'est dommage j'aurais voulu écrire "un jour on leur mettra bien profond", mais je n'y crois plus et ce n'est même plus ma préoccupation. Ils aiment le pouvoir qu'ils se roulent dans leur merde. Heureux ceux que le pouvoir ne fait pas frissonner, nous on ira s'ennivrer dans des ailleurs plus chaleureux en charmante compagnie.

vendredi, octobre 09, 2009

Sous influence

J'avais envie de souffler après une semaine bien remplie. J'ai réécouté Brigitte Fontaine chez Frédéric Taddéi sa chanson "prohibition" est magnifique et je me sens plus léger.

jeudi, octobre 08, 2009

Perdition

Ce qui arrive à Frédéric Mitterrand me gène, me chagrine et me consterne. Je ne suis pas du même bord idéologique que lui, en désaccord total sur bien des sujets, sur hadopi, sur ses sorties pour défendre Polanski.

Ce qui m'a gêné pour Polanski, c'est cette posture incohérente et dangereuse qu'il a adopté. Incohérente d'abord car elle arrivait à un moment où le gouvernement et l'UMP préparent de nouveau le terrain électoral des régionales en brandissant un fait divers sordide et en relançant pour une n-ième fois le débat sur la récidive et la castration chimique (ne sont-ils pas au pouvoir depuis 7 ans). Cette intervention donnait l'impression dans un moment où le tout répressif montre ses limites d'un deux poids deux mesures.
Dangereuse enfin, car en effet dans un tel moment de moralisation gerbante le retour de bâton était à prévoir. On laissait la porte ouverte à l'extrême droite en jouant sur ce thème du peuple contre les élites.
C'est cette inconséquence, que je ne cesse de dénoncer depuis le début y compris chez mes collègues. Pas de démagogie, le nombre a rarement raison, mais ne jouons pas au jeu de la caste au-dessus de tous et de tout, de la morale relative. L'affaire Polanski aurait demandé plus de tact et surtout de se taire.

Or, il me semble que les barons socialistes qui aujourd'hui attaquent Frédéric Mitterrand, le font de manière indigne. Un intellectuel, un homme de gauche au nom de l'intérêt commun se doit de laisser la vie privée au vestiaire, il se doit de servir une cause qui le dépasse. Les attaques personnelles devraient être exclues surtout au nom d'une morale des plus douteuses. En quoi la pauvreté sexuelle de Frédéric Mitterrand (c'est le thème de son livre) devrait elle concerner M. B. Hamon porte parole du PS? Au nom de quoi? Bonjour les amalgammes, on confond tourisme sexuel, homosexualité, pédophilie. On cite des passages sans contextualiser. On humilie plutôt que d'être humain et noble dans le combat politique. Encore une fois comme pour Polanski il vaut mieux se taire.

Il est de la responsabilité des politiques de refaire de la politique. C'est-à-dire de penser les problèmes économiques et sociaux, de penser le dépassement du capitalisme, de penser la crise écologique, morale, culturelle actuelle et pas de s'occupper de la bite de Polanski ou de Mitterrand. Nous n'avons plus de politiques mais des guignols moralisants, une bande de tartuffes qui se nourrissent sur notre dos. Moi je ne veux pas de curés et encore moins être dirigés par des curés. Je ne veux pas d'une opposition qui dise la messe et se comporte en bisounours, non je veux une opposition de combat qui soit enragée, qui refasse de l'idéologie. Assez de niaiseries, qu'ils attaquent le ministre de la culture sur les problèmes de la liberté sur le net, sur la diversité des médias, sur l'audiovisuel public.

L'action politique de gauche devrait être :
- la critique : au sens de l'analyse critique. Il faut critiquer en profondeur le système dans lequel on vit, donc critique radicale du capitalisme.
- l'alternative : briser le statu-quo, réfléchir à des alternatives, modèles décroissants, modèles mieux-croissants, hypothèse communiste, modèles économiques participatifs, post-libertarisme, social-républicanisme.
- les moyens d'action : changer la démocratie actuelle, là encore critique radicale des structures politiques et des partis de gauche.
Ce sont ces pistes que des milliers de militants, d'intellectuels (autour de Badiou, de Stiegler et de tant d'autres), d'universitaires explorent.

Tout ce travail se fait loin des médias (tant pis) et alors que les partis d'opposition devraient s'en emparer (c'est un peu le cas au front de gauche et chez les verts mais pas assez), alors qu'ils devraient être les porteurs du malaise et des souffrances de beaucoup, que nous servent-ils?
Lamentables, indignes, traitres, qu'ils se méfient car à force de pisser dans le vent......

vendredi, octobre 02, 2009

Gerbons, gerbons ces sordides artistaillons...

De l'art ou comment dépasser sa condition humaine misérable et absurde, de l'art ou comment du singulier aller vers l'universel, de l'art et du libertarisme assumé et responsable.

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Je ne puis vivre personnellement sans mon art. Mais je n'ai jamais placé cet art au-dessus de tout. S'il m'est nécessaire au contraire, c'est qu'il ne se sépare de personne et me permet de vivre, tel que je suis, au niveau de tous. L'art n'est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen d'émouvoir le plus grand nombre d'hommes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes. Il oblige donc l'artiste à ne pas se séparer ; il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle. Et celui qui, souvent, a choisi son destin d'artiste parce qu'il se sentait différent apprend bien vite qu'il ne nourrira son art, et sa différence, qu'en avouant sa ressemblance avec tous. L'artiste se forge dans cet aller retour perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s'arracher. C'est pourquoi les vrais artistes ne méprisent rien ; ils s'obligent à comprendre au lieu de juger. Et s'ils ont un parti à prendre en ce monde ce ne peut être que celui d'une société où, selon le grand mot de Nietzsche, ne règnera plus le juge, mais le créateur, qu'il soit travailleur ou intellectuel.

Le rôle de l'écrivain, du même coup, ne se sépare pas de devoirs difficiles. Par définition, il ne peut se mettre aujourd'hui au service de ceux qui font l'histoire : il est au service de ceux qui la subissent. ......"

Albert Camus (Extrait du discours de Stockholm, 1957 )

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Et puis de la culture ou comment rester des singularités quand on a du mal à se dépasser soi-même, comment ne défendre que les siens et passer son temps à imposer une morale bourgeoise à la plèbe inculte au service de ses intérêts propres. De la culture ou comment pour de nombreux artistes institutionnalisés n'être que des libertaires de façade, des révoltés de pacotille pour soigner des égos malades d'enfants gâtés. De la culture et de l'engagement qui ne sont plus que tartufferie permanente.

jeudi, octobre 01, 2009

Mais c'est bien sûr.....

Comme l'avait noté Kalys, le titre de l'un de mes posts est le même que celui d'une série d'émission de Mermet. J'avais dû enregistrer le titre de manière inconsciente, je n'ai pas écouté ces émissions pour l'instant et les différentes affaires judiciaires de ces derniers jours m'y ont ramené tout naturellement.
Au fait, petit sujet de dissertation couillonne pour nos ministres et Umpistes associés:
"Fallait-il castrer chimiquement R. Polanski?"

Pirates

Bon, j'essaye de faire ce post en direct du marécage. Le sujet est casse-gueule. Au départ l'affaire Polanski ne m'intéressait pas, très franchement cette histoire people puait et je m'en foutais.
Cependant, ce sont les réactions de deux de nos ministres qui m'ont fait m'intéresser de plus près à cette histoire.

D'abord, je trouve la réaction de F. Mitterrand scandaleuse, la culture n'a rien à faire dans cette histoire. Une bite de génie cinématographique reste une bite quand son utilisation se réduit à une geste purement animale. Oui, Polanski est un cinéaste important, mais cela change quoi au fond de l'affaire?
Si la justice amériaine veut faire un coup médiatique sur son dos, ce qu'un procureur a essayé de faire, je comprends la réaction de fuite du cinéaste, je comprends que ses amis veuillent le protéger mais n'allons pas invoquer le génie. Les inculpés de l'affaire Outreau ont eu eux aussi à subir l'emballement médiatique, comme Coupat au tout début. Les inculpés d'Outreau, non seulement n'avaient rien fait mais n'avaient aucun moyen pour se défendre hormis leurs avocats. Deux poids, deux mesures, c'est ce qu'on veut?

Donc premier aspect qui me choque : le fait que l'on utilise comme argument le génie de Polanski et que ce soit un de nos ministres qui le fasse. Notre ministre est bien le ministre de certains artistes et non plus le ministre de la culture. Cette affaire plus la loi Hadopi me renforce dans cette opinion tranchée et caricaturale (ok, je le concède).

Deuxième aspect : il y'a eu viol d'une mineure (en droit la notion de consentement n'a pas de sens à 13 ans) et je ne veux pas insister sur les détails plus scabreux les uns que les autres. Faire passer cette histoire pour une simple affaire de moeurs me consterne.
Nadine Trintignant a signé la pétition de soutien au cinéaste, je comprends qu'il y ait une pétition, ce n'est pas le problème. Mais Nadine Trinitignant, grande féministe vengeresse, diseuse de grands discours sur la violence faite aux femmes (cause des causes, premier combat à mener dans notre société j'en conviens et je suis d'accord), avec des grands principes plein la bouche a signé cette pétition.
Quel crédit, quelle trahison, pour le combat qu'elle prétendait mener. Alors d'un côté quand il s'agit de violences conjugales faites sur sa fille, c'est le crime des crimes fait à toutes les femmes et on, nous tous, la société, l'univers jusqu'aux quarks et aux leptons devont être impitoyables avec ces salauds d'hommes. Et quand il s'agit de la fille (une gamine) d'un autre lointain, touchée par un de sa caste alors là il faut pardonner une sordide affaire de moeurs.
Comme quoi, les victimes et les parents des victimes seront toujours hélas les pires avocats de la cause qu'ils prétendent défendre.

Alors non Cantat et Polanski, n'ont pas commis le même crime, c'est vrai. Ce sont deux mecs avec comme tous les mecs le mal au fond d'eux, entre désir de possesion, vulnérabilité vis à vis de l'éternel féminin et de la charge symbolique qu'il porte. Faiblesse qui pour certains est insupportable et qui se dépasse par la violence. Je suis comme Cantat et Polanski, je sais combien ce que j'ai entre les cuisses et les constructions mentales qui s'en suivent peuvent être destructrices pour vous les femmes. Contrairement à eux et à tant d'autres, et comme beaucoup d'autres je transcende ces pulsions de violence en amour et j'espère que je ne glisserai jamais.

Ce n'est pas à moi de pardonner Polanski, ni à la justice, ni à ses amis artistes mais à la victime. La justice n'étant pas là pour pardonner ni venger, cette affaire doit quitter ce terrain sur lequel tous ces gens l'ont placé.