jeudi, octobre 01, 2009

Pirates

Bon, j'essaye de faire ce post en direct du marécage. Le sujet est casse-gueule. Au départ l'affaire Polanski ne m'intéressait pas, très franchement cette histoire people puait et je m'en foutais.
Cependant, ce sont les réactions de deux de nos ministres qui m'ont fait m'intéresser de plus près à cette histoire.

D'abord, je trouve la réaction de F. Mitterrand scandaleuse, la culture n'a rien à faire dans cette histoire. Une bite de génie cinématographique reste une bite quand son utilisation se réduit à une geste purement animale. Oui, Polanski est un cinéaste important, mais cela change quoi au fond de l'affaire?
Si la justice amériaine veut faire un coup médiatique sur son dos, ce qu'un procureur a essayé de faire, je comprends la réaction de fuite du cinéaste, je comprends que ses amis veuillent le protéger mais n'allons pas invoquer le génie. Les inculpés de l'affaire Outreau ont eu eux aussi à subir l'emballement médiatique, comme Coupat au tout début. Les inculpés d'Outreau, non seulement n'avaient rien fait mais n'avaient aucun moyen pour se défendre hormis leurs avocats. Deux poids, deux mesures, c'est ce qu'on veut?

Donc premier aspect qui me choque : le fait que l'on utilise comme argument le génie de Polanski et que ce soit un de nos ministres qui le fasse. Notre ministre est bien le ministre de certains artistes et non plus le ministre de la culture. Cette affaire plus la loi Hadopi me renforce dans cette opinion tranchée et caricaturale (ok, je le concède).

Deuxième aspect : il y'a eu viol d'une mineure (en droit la notion de consentement n'a pas de sens à 13 ans) et je ne veux pas insister sur les détails plus scabreux les uns que les autres. Faire passer cette histoire pour une simple affaire de moeurs me consterne.
Nadine Trintignant a signé la pétition de soutien au cinéaste, je comprends qu'il y ait une pétition, ce n'est pas le problème. Mais Nadine Trinitignant, grande féministe vengeresse, diseuse de grands discours sur la violence faite aux femmes (cause des causes, premier combat à mener dans notre société j'en conviens et je suis d'accord), avec des grands principes plein la bouche a signé cette pétition.
Quel crédit, quelle trahison, pour le combat qu'elle prétendait mener. Alors d'un côté quand il s'agit de violences conjugales faites sur sa fille, c'est le crime des crimes fait à toutes les femmes et on, nous tous, la société, l'univers jusqu'aux quarks et aux leptons devont être impitoyables avec ces salauds d'hommes. Et quand il s'agit de la fille (une gamine) d'un autre lointain, touchée par un de sa caste alors là il faut pardonner une sordide affaire de moeurs.
Comme quoi, les victimes et les parents des victimes seront toujours hélas les pires avocats de la cause qu'ils prétendent défendre.

Alors non Cantat et Polanski, n'ont pas commis le même crime, c'est vrai. Ce sont deux mecs avec comme tous les mecs le mal au fond d'eux, entre désir de possesion, vulnérabilité vis à vis de l'éternel féminin et de la charge symbolique qu'il porte. Faiblesse qui pour certains est insupportable et qui se dépasse par la violence. Je suis comme Cantat et Polanski, je sais combien ce que j'ai entre les cuisses et les constructions mentales qui s'en suivent peuvent être destructrices pour vous les femmes. Contrairement à eux et à tant d'autres, et comme beaucoup d'autres je transcende ces pulsions de violence en amour et j'espère que je ne glisserai jamais.

Ce n'est pas à moi de pardonner Polanski, ni à la justice, ni à ses amis artistes mais à la victime. La justice n'étant pas là pour pardonner ni venger, cette affaire doit quitter ce terrain sur lequel tous ces gens l'ont placé.

1 Comments:

Blogger Kalys said...

Tout à fait d'accord avec ta conclusion.

Il me semble avoir entendu que la victime se sentait tout à fait dédommagée avec les millions reçus. Ne pourrait-on pas l'admettre? Chaque cas est différent. Je crois que beaucoup de personnes ont souffert parce qu'elles ont été victimisées par la morale, et non parce qu'elles pensaient avoir subit un réel préjudice. Bien que la notion de consentement n'existe légalement pas à treize ans, ne peut-on admettre que la jeune fille se sentait bien dans ses baskets et n'a pas ressenti comme une souffrance le fait de baiser avec un quarantenaire? (Je parle plus de manière générale, je connais mal l'affaire.)

Pour Polanski en particulier, je suis d'accord avec toi, invoquer le génie est tout à fait hors de propos et pour le coup, profondément immoral.

12:32 PM  

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