Bernard, Jean-Paul, Laurent, Régis et Cie
J'avais promis de vous donner mon avis sur le papier de J.-P. Brighelli, ce ne sera pas pour ce soir. Mais je vais vous parler d'une balade internettienne qui n'est pas sans lien. Tout commence par un papier de Marianne (encore et toujours) sur Heidegger, pour être plus précis sur Heidegger et les sciences.
Je ne connaissais pas du tout la philosophie d'Heidegger, je connaissais juste son image controversée de philosophe nihiliste ayant fricoté avec le nazisme. Quelques phrases de cet article m'ont heurtées :
"Heidegger a une vision assez bête de la science"
ou encore
"Il jugeait la science de haut. De sa hutte, tel un écologiste attardé !"
De tels jugements méritaient une recherche plus approfondie. Alors j'ai fouillé et j'ai découvert une excellente revue de philo : Noesis. Excellente revue dont le numéro 9 est consacré justement aux relations de Heidegger aux sciences où je découvre qu'il y a eu deux périodes dans la relation du philosophe à la technique et aux sciences.
Alors, non Heidegger n'a pas une vision assez bête de la science, comme en témoigne l'article sur la vision heideggerienne de la problématique de l'infini et du continu en physique et en mathématique. On comprend que Heidegger (avant les années 30) est au coeur des problématiques les plus chaudes de son temps. La relativité, les travaux en géométrie différentielle et en analyse sur les fondements des mathématiques (construire le continu à partir du discret) avaient bousculé notre relation à l'espace et au temps. C'est une véritable révolution qui se devait d'être critiquée, Heidegger dans son analyse des travaux de Weyl sur les fondements mathématiques de la relativité générale s'y attaque. Ce n'est pas un succès mais aujourd'hui encore on explore ces concepts et nous n'avons aucune réponse définitive contrairement à certains journalistes. Et il reste quelque chose de la pensée Heidegerrienne, c'est un apport non-négligeable contrairement à ce papier.
C'est l'article de Marianne (à partir d'une émission de France-Culture) qui est hautain et suffisant et cet article montre la paresse de son auteur. Ce n'est pas la première fois que je tombe sur des articles que l'on peut démonter en quelques heures par quelques recherches bibliographiques. L'auteur aurait pû nuancer son propos plutôt que de porter ce genre de jugements à la con qui à mes yeux le discrédite complètement.
Je ne porterai ici aucun jugement sur l'engagement nazi du personnage Heidegger, la polémique est vive et je suis ignare en la matière.
Sinon, en parcourant la revue Noesis je suis tombé sur un article de mon ancien directeur de mémoire de maitrise (revue numéro 5). Cet article est une critique et une analyse de la méthode axiomatique et de l'échec du structuralisme en mathématique et c'est un article qui prolonge bien ce que j'ai commencé à lire sur Heidegger et justement on y entrevoit l'apport de la pensée du philosophe.
Ce qui est amusant c'est que grâce à cette recherche j'ai aussi retrouvé mon vieil ami Régis qui a fait sa thèse de maths en même temps que moi, il est aujourd'hui philosophe et fricote avec Badiou et Stiegler (je suis jaloux mais très heureux de le savoir en si bonne compagnie).
Pour revenir à Brighelli je voulais :
- critiquer son texte sur le traitement des enseignants,
- critiquer sa position sur la laicité et la controverse qui en a suivi avec L. Lafforgues (notre matheux chrétien et médaillé fields) à l'aune de ce que dit Stiegler de la foi. Cette controverse est reliée très fortement à la vision qu'a Lafforgues du processus de création en maths.
Voilou ça fait beaucoup et j'espère que j'aurais le temps de m'y attaquer.
Je ne connaissais pas du tout la philosophie d'Heidegger, je connaissais juste son image controversée de philosophe nihiliste ayant fricoté avec le nazisme. Quelques phrases de cet article m'ont heurtées :
"Heidegger a une vision assez bête de la science"
ou encore
"Il jugeait la science de haut. De sa hutte, tel un écologiste attardé !"
De tels jugements méritaient une recherche plus approfondie. Alors j'ai fouillé et j'ai découvert une excellente revue de philo : Noesis. Excellente revue dont le numéro 9 est consacré justement aux relations de Heidegger aux sciences où je découvre qu'il y a eu deux périodes dans la relation du philosophe à la technique et aux sciences.
Alors, non Heidegger n'a pas une vision assez bête de la science, comme en témoigne l'article sur la vision heideggerienne de la problématique de l'infini et du continu en physique et en mathématique. On comprend que Heidegger (avant les années 30) est au coeur des problématiques les plus chaudes de son temps. La relativité, les travaux en géométrie différentielle et en analyse sur les fondements des mathématiques (construire le continu à partir du discret) avaient bousculé notre relation à l'espace et au temps. C'est une véritable révolution qui se devait d'être critiquée, Heidegger dans son analyse des travaux de Weyl sur les fondements mathématiques de la relativité générale s'y attaque. Ce n'est pas un succès mais aujourd'hui encore on explore ces concepts et nous n'avons aucune réponse définitive contrairement à certains journalistes. Et il reste quelque chose de la pensée Heidegerrienne, c'est un apport non-négligeable contrairement à ce papier.
C'est l'article de Marianne (à partir d'une émission de France-Culture) qui est hautain et suffisant et cet article montre la paresse de son auteur. Ce n'est pas la première fois que je tombe sur des articles que l'on peut démonter en quelques heures par quelques recherches bibliographiques. L'auteur aurait pû nuancer son propos plutôt que de porter ce genre de jugements à la con qui à mes yeux le discrédite complètement.
Je ne porterai ici aucun jugement sur l'engagement nazi du personnage Heidegger, la polémique est vive et je suis ignare en la matière.
Sinon, en parcourant la revue Noesis je suis tombé sur un article de mon ancien directeur de mémoire de maitrise (revue numéro 5). Cet article est une critique et une analyse de la méthode axiomatique et de l'échec du structuralisme en mathématique et c'est un article qui prolonge bien ce que j'ai commencé à lire sur Heidegger et justement on y entrevoit l'apport de la pensée du philosophe.
Ce qui est amusant c'est que grâce à cette recherche j'ai aussi retrouvé mon vieil ami Régis qui a fait sa thèse de maths en même temps que moi, il est aujourd'hui philosophe et fricote avec Badiou et Stiegler (je suis jaloux mais très heureux de le savoir en si bonne compagnie).
Pour revenir à Brighelli je voulais :
- critiquer son texte sur le traitement des enseignants,
- critiquer sa position sur la laicité et la controverse qui en a suivi avec L. Lafforgues (notre matheux chrétien et médaillé fields) à l'aune de ce que dit Stiegler de la foi. Cette controverse est reliée très fortement à la vision qu'a Lafforgues du processus de création en maths.
Voilou ça fait beaucoup et j'espère que j'aurais le temps de m'y attaquer.
4 Comments:
Comme je ne comprends pas grand-chose aux concepts mathématiques dont tu parles, il m'est quasiment impossible de te répondre de manière construite. Tout ce que je peux dire, c'est que j'avais déjà eu l'occasion de constater que Marianne prétend être intelligent et oh, "provocateur", ça c'est génial, c'est in, mais comme tu dis, ses rédacteurs font parfois preuve d'une paresse intellectuelle qui confine au beauf pur et simple.
Je ne sais pas si "in" et "provocateur" sont des termes que j'emploierai pour Marianne. Ils sont sur une ligne républicaine, laïque, patriote, centriste.
C'est plus un journal conservateur, mais conservateur attaché au vieilles valeurs de la république. Sous la 3ième république ils auraient été radicaux de gauche aujourd'hui il faut ajouter une bonne touche de gaullisme. Je pense que c'est ce qui explique leur combat anti-PS et anti-Sarko.
Ils ont une ligne éditoriale très nette, c'est bien. Par contre ce qui m'énerve c'est que comme tu l'écris le choix de cette ligne éditoriale quand elle s'accompagne d'un foutage de gueule intellectuel tient de la beaufitude.
Il y a deux choses catastrophiques dans la version en ligne :
- les éditos des bloggeurs associés, souvent mal argumentés, paresseux
- les commentaires des lecteurs.
Aaah, les commentaires des lecteurs... Toujours un succès, quel que soit le journal.
Certains commentaires me rendent malade mais je ne peux m'empêcher c'est mon côté sadomaso.
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