jeudi, septembre 17, 2009

Brèves de septembre (suite)

Prolétarisation sexuelle : la prolétarisation est une perte de savoir faire, on peut parler de prolétarisation des ouvriers qui commence au 19ième siècle avec la 1ère révolution industrielle, on peut parler de prolétarisation du consommateur ce qui est l'enjeu de la société de consommation et du marketing justement, on peut parler de prolétarisation intellectuelle aussi (le temps de cerveau disponible). Je voudrais parler de prolétarisation sexuelle, mon angle d'attaque est la conclusion du sondage IFOP commandé par Dorcel père et fils :
«L’enjeu des prochaines années est donc l’émergence d’une pornographie de couple, moins sexiste et plus esthétisée, qui s’adresse aussi bien aux hommes qu’aux femmes.»
Oui, on le sait une partie du porno est une immense industrie, qui sonde l'opinion afin de mieux cibler les consommateurs potentiels. A priori on me dira qu'il n'y a rien de choquant à tout çà.
Ce qui me dérange c'est que le sexe y compris en couple touche à l'intime, concerne des constructions mentales très subtiles. Nous n'avons pas tous les mêmes fantasmes, la sexualité varie dans le temps et selon les individus, elle n'est pas normalisable et ne doit pas l'être.
Le problème de l'industrie porno c'est la normalisation, que l'on fasse des enquêtes pour savoir quels sont les plans culs les plus vendables m'inquiète. Oui je prétends avoir une sexualité unique et originale, comme la plupart des individus, je suis humain après tout!

Que l'on me comprenne bien je n'ai rien contre le porno, au contraire, l'érotisme ou la pornographie je l'ai déjà écrit ici est un art difficile. Je considère la représentation du désir et du plaisir comme un enjeu artistique majeur. Ce que j'attends c'est un porno qui soit une oeuvre personnelle, pas un truc calibré pour couple ou je ne sais quelle catégorie. Je veux que ce soit le point de vue de l'artiste.
On constate tous les jours les dégâts d'une société hautement normative, la norme c'est l'exclusion des singularités, au départ des plus faibles au final de tous car nous sommes tous singuliers. Cette normalisation conduit inéluctablement à la violence et au désespoir.

Nous subissons déjà une normalisation sexuelle, injonction à l'orgasme pour les femmes, la bisexualité pour tous (question de mode chez les djeuns), et je passe les pratiques sexuelles plus cools les unes que les autres. Elle est ici la prolétarisation, bientôt on va nous expliquer comment baiser correctement et c'est en fait déjà le cas quand on voit tous ces dossiers dans la presse.
Encore une fois soyons bien d'accord, j'adore le sexe.

Cependant, il y a des gens qui n'auront jamais de rapports sexuels et qui s'en accommodent très bien, ce qui ne veut pas dire qu'ils n'ont pas de vie sexuelle. Autre exemple, l'orgasme qui n'est pas automatique pour toutes et tous, les sexologues nous apprennent à ce sujet qu'il faut du temps, une sexualité se construit peu à peu. Peut-on imaginer la violence que subissent les adolescents face à ces représentations?
Au passage il faut noter dans les études de l'inserm, l'augmentation de l'insatisfaction chez les jeunes femmes au cours des dernières décennies. Pour moi il ne s'agit pas seulement d'un effet néfaste du porno industriel ou des repésentations sexuelles actuelles qui fait que les jeunes males ont des comportements caricaturaux (est caricatural le sexe vendu par le X surtout pour des ados). Mais plus une globalisation de la perte de libido, sous les coups de boutoirs du marketing. Perte de libido expliquée par Bernard Stiegler et qui touche désormais à l'intime.

Je ne prone pas un retour à l'ordre moral, surtout pas, je veux juste pointer du doigt les limites d'un système mercantile dont le but est de nier la singularité pour vendre un max.

Alors non on ne fait pas l'amour de la même manière à 15, 20 ou 30 ans ou plus pour des raisons physiologiques et psychologiques évidentes. Après 7 ans avec la même partenaire ma sexualité change encore beaucoup et c'est tout son intérêt au-delà de l'aspect communicationnel, de l'échange et de la tendresse, il y'a ce côté ludique qui va au-delà de toutes les normes.

Donc merde à cette normalisation, je me fous du porno pour les couples, c'est de l'arnaque pour couple prolétarisé sexuellement. Le sexe est la dernière frontière trouvée par le capitalisme. Ce que je veux ce sont des oeuvres originales, machistes, féministes ce que vous voulez mais originales.

3 Comments:

Blogger Kalys said...

Tiens, chais pas si tu sais, mais Stephan Groth a quitté Apoptygma Berzerk...

2:30 PM  
Blogger BlackCFT said...

Non je l'ignorais, c'est amusant je lis ton message juste au moment où j'écoute "In this together".

5:19 PM  
Blogger Kalys said...

C'est tout récent, j'ai lu ça dans le dernier D-Side. Pour ma part, je préfère quasiment les side-project de Groth à Apop, donc je dirais que c'est une bonne nouvelle :)

1:58 PM  

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