dimanche, mars 29, 2009

FOG

FOG vous connaissez? J'ai regardé l'émission de la semaine sur le site de France 5. Les invités étaient : Nadine Morano, Catherine Clément, Cali et Jacques Delors. Avant d'écrire quelques mots sur les invités, je dois dire que j'ai souffert pour tenir jusqu'au bout. Cette émission est insupportable, elle est montée avec les pieds, on passe d'un sujet à un autre sans véritable transition, les journalistes qui interviennent sont consternants de bêtise et insipides. On aligne les préjugés, les bêtises. Le reportage sur le téléchargement était symptomatique d'une médiocrité, d'une paresse à vous faire flinguer votre TV.
Les invités, évacuons tout de suite le cas Morano, je n'écrirai rien sur elle c'est trop dangereux juridiquement.

Cali, pas grand chose à écrire sur lui non plus.

Catherine Clément intellectuelle de gôche, très intellectuelle et très à peu près à gauche. Pour situer le personnage et sa profondeur, ou peut-être la médiocrité de l'émission qui n'arrive pas malgré uh léchage de cul permanent à mettre en valeur les invités juste un extrait. Dans cette émission assez courte (presque une heure), une dizaine de sujets sont abordés, entrecoupés de pseudo-reportages et d'interventions de chroniqueurs quasiment inutiles, la loi Hadopi arrive sur le tapis Cali explique sa position et nuance : le prix du disque, les marges énormes des majors sur le prix qu'il apparente à du vol. Et là Catherine Clément s'énerve "les consommateurs qui téléchargent sont des voleurs..." discours très moralisateur, mais est-ce bien surprenant pour cette ex-catholique, cette ex-marxiste, passée entre les mains de la tribu Lacannienne, amie de Miterrand et de Chirac?
Pas du tout, encore une fois une pensée trempée dans le dogme, aucune réflexion sur l'état de l'offre en matière culturelle, sur la nullité de ce que propose les majors, sur le rapport des jeunes à la musique. Tout ces gens n'ont jamais rien compris à la culture rock ou pop basée sur l'échange et donc sur la copie. Désolé mais les amoureux de rock se prêtent, se prêtaient, copiaient leurs disques et les achetaient. Il y'a quelque chose de très con à demander au jeune de "consommer" une culture qui se veut elle-même transgressive et dénonce la société de consommation. Les Anglais plus subtiles et plus culturellement rocks l'ont compris puisqu'une très grande majorité d'artistes sont contre la répression du téléchargement illégal. Le système des majors est à bout et touche à ses contradictions.
Personnellement je n'achète plus de disque dans un les supermarchés de la culture que sont les fnacs et virgin. Je n'achète et n'écoute pratiquement plus de musique produite par ces grosses boites. Et le téléchargement n'y est pour rien, car avec Yavine on découvre sur Last.fm et si ça nous plait et que l'artiste est sur un petit label ou s'autoproduit on commande.

Jacques Delors, j'ai un vieux rapport affectif avec Jacques Delors. Quand on grandit dans une famille de gauche sous Mitterrand. On a quelques héros socialistes : Badinter, Delors. Puis le temps passe, on se construit contre le pouvoir et en l'occurrence contre Mitterrand. Je suis de cette génération qui a vécu avec la déception de la gauche et ce que les gens modestes ont ressenti comme une trahison c'est-à-dire la mise au pas de la France à la pensée néo-libérale opérée par les socialistes. Delors y a grandement contribué. Delors c'est aussi l'Europe, cette idée que j'ai admirée et aimée pour devenir après la guerre en ex-yougoslavie eurosceptique. L'Europe telle que je la rêvais, elle aussi est en miettes.
Alors aujourd'hui que la social-démocratie et le néo-libéralisme se sont effondrés pas très longtemps finalement après le communisme, on pèse les erreurs de Delors et des socialistes, comme celles de toute la droite. La fin de ces idéologies devraient nous amener à tout repenser, à reconstruire des idéologies. On se rend compte des difficultés à changer le mode de pensée de nos dirigeants. Ce qui est inquiétant c'est de voir l'UMP incapable, au fond comme le PS, de repenser ses logiciels. Alors Delors me fait l'effet d'y croire encore, comme les autres il pense que ça repartira gentiment avec quelques pansements et quelques recettes de cuisine, pour lui c'est sans doute une révolution sociale qu'il appelle de ses voeux comme Sarkozy en appelle à la moralisation du système sans trop le vouloir ni y croire. Le mal parait plus profond au coeur du capitalisme, mais il se trouve aussi dans les limites biologiques et écologiques. Il faudra encore un peu de temps et quelques catastrophes pour arriver à des ajustements majeurs.
Malgré tout je garde mon affection pour Delors, pour son calme, pour la forme impeccable de son discours, je lui reconnais de la rigueur intellectuelle et de nos jours c'est rare.