jeudi, novembre 08, 2007

Pour Kalys

D'abord il faut expliquer que nous avons en main une loi mais pas ses décrets d'applications, c'est un point important. Un exemple : le recrutement des enseignants-chercheurs, en l'état on sait qu'il sera chapeauté par une commission mixte mais vu l'ampleur de la tâche elle va déléguer le boulot, comment? On ne sait pas et c'est pourtant fondamental.
Si on donne le pouvoir à des comités d'experts locaux et extérieurs, on pourra faire du bon boulot et peut-être mieux qu'aujourd'hui si les comités sont un peu plus resserrés.
Si on a un pouvoir décisionnel au niveau local seulement on va vers le mandarinat, le copinage et la catastrophe suivant les situations locales.
Aujourd''hui on ne peut rien dire, on le voit cette loi dans ce cas particulier ne fixe pas vraiment le cadre, j'aurai pu parler aussi de l'attribution des primes, de la répartition des postes entre UFRs.....

Premier point, discuter de cette loi est très complexe et nous n'avons pas aujourd'hui tous les éléments en main.

Deuxième point cette loi peut être bonne si elle s'accompagne d'un collectif budgétaire raisonnable, certainement pas les malheureux 5 milliards d'euros promis sur 5 ans sur lesquels il faut déjà retirer des sommes dûes par l'état aux universités (heures supplémentaires, PEDR, etc). Quand Pécresse annonce un effort considérable elle se fout de notre gueule, quid d'un effort de 1 milliard par an quand on fait un cadeau fiscal de 15 milliards en un an qui ne ramènera jamais de croissance, passons.
Pourquoi j'insiste sur le financement?
Comme les universités sont autonomes et ont des besoins pédagogiques et que l'on a bloqué le recrutement des enseignants à elles de financer ces besoins, si l'état s'engage fortement c'est super on aura un outil pour enfin répartir les fonds comme on l'entend (faire venir un prof du MIT ou de Harvard pour un an par exemple pour donner des cours).
Si on reste dans la situation actuelle qui est calamiteuse on va devoir chercher des fonds ailleurs pour survivre ce qui implique :
1) encore plus de postes précaires, des Aters pour assurer les heures des enseignants permanents non recrutés et que l'on n'aura pas les moyens, faute de moyens, d'engager localement comme le permettrait la loi
2) contrairement à ce que l'on croit les entreprises sont déjà présentes et assez fortement en fac de sciences, où trouver d'autres fonds alors? et quid des facs de lettres, de sciences-humaines et autres.

Le fait que les entreprises rentrent dans le CA ne me fait pas peur mais par contre si nous n'avons pas les moyens d'assurer une indépendance de la recherche fondamentale, pour nous c'est la mort. Or ce qui se passe au niveau du CNRS me fout les boules.

Conclusion : cette loi en elle-même ne mérite pas autant d'agitation, elle est inquiétante dans son non-accompagnement budgétaire, c'est le projet global du gouvernement en matière d'enseignement supérieur qui est effrayant.

1 Comments:

Blogger Kalys said...

Merci! Tes explications sont toujours claires, c'est un plaisir.

Finalement, le plus inquiétant est bien ce que j'avais relevé moi aussi : le problème épineux des financements. Je savais déjà que les entreprises finançaient des recherches, chez nous c'est apparemment fortement le cas en Histoire. Mais je me demande qui va financer une fac de lettres, et ça m'inquiète sérieusement.

11:06 AM  

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