jeudi, juin 21, 2007

Autonomes

Enfin!
J'ai le document de "travail" du ministère. Je suis rassuré! Ouf, reouf! J'ai cru un moment à une réforme d'envergure qui allait révolutionner le monde universitaire et nous tirer d'un système proto-bolchevique vers un système plus "moderne" dans lequel l'excellence serait mise en avant.

Point de tout ça, non, on va donner plus de pouvoirs aux mandarins locaux dont on sait très bien qu'ils brillent par leur médiocrité scientifique, euh pardon je voulais dire leur exceptionnel niveau scientifique, je suis gaffeur quand même, ça craint pour mes futures primes.

En effet faire gérer le recrutement des enseignants par un comité local restreint (donc très incompétent, clientéliste, copiniste) sera catastrophique dans les petites universités où la situation est déjà peu enviable.

On a l'exemple du recrutement dans les écoles d'ingénieurs où l'enseignement est assez nul mais dont on ne parle jamais car il y règne une saine glande et comme ces gens ne font que pratiquer l'autorecrutement ils ont depuis leur tendre enfance le nez dans leur "nullitude". Je ne parle pas des ENS ni de X mais des écoles centrales et d'autres écoles encore moins prestigieuses.
S'interrogera-t'on un jour sérieusement sur les capacités de ce pays à innover?
Oui comparons avec l'Allemagne, le Japon, les USA, la Chine, l'Inde et on verra si nos supers ingénieurs sont si performants, pour vendre du PQ ils sont bons, pour faire de la comm' aussi mais quid du reste? Il manquerait donc une formation à la recherche, surprenant?
Il n'y a pas que l'université qui est en crise, c'est tout le système qui est à revoir. Mais le gros du travail dérange ceux qui profitent du système.

Pour l'instant hormis le changement des règles du recrutement du personnel enseignant-chercheur et de l'attribution des primes (encore localement, bonjour le léchage de cul et les abus) on trouve aussi un CA réduit à 20 membres dont 8 enseignants-chercheurs. Autant dire que toutes les disciplines ne seront pas représentées, moi qui suis dans une matière dominante dans ma fac, je pourrais m'en taper mais c'est inquiétant et je ne vois pas l'intérêt d'un CA réduit, je ne crois pas que l'urgence soit là.

On voit bien dans ces 1ères mesures que le gouvernement qui veut aller très vite ne maitrise pas son sujet et est en train de tirer tout le système vers le bas.

Sinon, l'Unef vient de découvrir qu'il y' avait une sélection à l'entrée de certains Masters, sont forts les gars! Et ils nous promettent une belle rentrée et là je dis "foncez les petits!", j'ai tout mon enseignement au premier semestre, je serai un peu triste de ne pas enseigner à mes jolies biologistes mais s'ils tiennet trois mois et demi c'est cool car je pourrai me consacrer à ma recherche. Merci d'avance!

5 Comments:

Blogger Kalys said...

Tout ça est bien inquiétant... Moi qui après moult réflexions ais décidé de tenter d'enseigner les lettres à la fac, tout ça ne me dit rien qui vaille. Peut-être que c'est pas en France qu'il faudra que je travaille. Peut-être même devrais-je aller me former ailleurs?

10:28 PM  
Blogger BlackCFT said...

Kalys je ne peux que t'encourager à continuer, c'est un chemin long et difficile mais enseigner en fac reste une plaisir.
Je râle beaucoup mais j'aime mon métier et c'est un peu prétentieux je le vis comme une mission.
Aller voir à l'étranger ce qui se fait est essentiel pour un enseignant-chercheur.
Quant à la réforme des universités, on verra bien. Les grandes facs s'en sortiront et pourront peut-être même en tirer pas mal d'avantages, les plus petites auront pus de mal.

10:15 PM  
Blogger Kalys said...

Je ne suis pas du tout sûre d'y arriver :)
Je sais bien que tu aimes ton métier, parce que si ça n'était pas le cas, tu ne râlerais pas ;) Mais moi c'est ça qui me fait peur, les grandes facs s'en sortiront... On va avoir un système à l'américaine, où ça va coûter de plus en plus cher de s'inscrire, et où les petites fac vont devoir proposer des diplômes au rabait... (j'espère que je ne dis pas de bêtise en citant les américains)

10:49 AM  
Anonymous Anonyme said...

Je n'avais pas remarqué que le terme "République bananière" s'appliquait aux usages de l'administration dans l'enseignement supérieur.
Un monde où la corruption se tapit sous le nom de "copinage", "relations", "pistons". Le prof chercheur veut devenir prof d'université ? Il n'a qu'à frapper à la bonne porte... Et souvent, c'est celle de l'IUFM. Tout se tient. Si les futurs profs du secondaire sont des nazes, c'est qu'ils ont été formés par des nazes qui ne cherchaient qu'à régner au dessus des nazes.
Et c'est assez vomitif pour n'être que chuchoté.

1:03 AM  
Blogger BlackCFT said...

Dans ma section 25, je connais peu de profs d'université en IUFM, c'est souvent très ingrat à cause des charges administratives donc peu demandé. En tout cas c'est le genre de postes que je refuserai, j'ai déjà assez de rapports à me farcir.

De même que les postes de maitres de conférence en IUFM sont peu courus. En maths pures ils sont souvent barrés par des profils orientés vers la didactique.

Ensuite pour la banane tout dépend de la taille du bananier. Plus l'UFR est grande, plus il y'a de groupes en compétition pour le recrutement et c'est une bonne chose car la concurrence pousse à avoir des recrutements de qualité.
Pour recruter il faut convaincre ses collégues et le copinage est un argument qui se retourne contre son propre candidat.

Le danger réside donc dans des petites structures dirigées par de petites équipes coupées de la recherche. En effet les pratiques de certains IUFMs illustrent bien les dérives que pourraient engendrer l'autonomie dans les petites universités. Ce ne sont ni Orsay, ni Grenoble, ni Strasbourg voire Lille qui vont s'amuser à recruter n'importe comment (dans leurs matières phares) car ces universités tiennent à leur rayonnement international (même s'il est faible il est loin d'être nul) et au niveau de la politique de l'université c'est un argument massue qui peut faire sauter une équipe dirigeante.

12:33 PM  

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